Liszt et Lamartine en savoir plus
Extrait du site Liszt-franz.com
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Franz Liszt au Château de Saint Point
Le premier concert de Liszt en Bourgogne eut lieu à Dijon en 1825, il a 14 ans et y obtient un énorme succès, il y reviendra 4 autres fois sur une vingtaine d’années, en 1826, en 1836 en 1844 et en 1845, ce sont ces 3 dernières années qui vont nous intéresser
Rencontre de 1836 au Château de Saint Point
C’est en 1820 que Lamartine reçut ce château en héritage alors bien délabré et qu’il décida de s’installer avec Marianne son épouse.
En mai 1837, Liszt est avec Marie d’Agoult et Lamartine élu député se considère davantage comme un homme d’Etat, sa vocation, dit-il, qu’un poète.
Liszt vient passer quelques jours au château de Saint-Point accompagné de la comtesse d’Agoult, ils revenaient de Nohant où ils ont séjourné plusieurs semaines chez George Sand. Voici le tableau dressé par Guy de Pourtales, dans sa biographie sur Liszt
« Le lendemain, ils remontèrent la Saône vers Macon pour aller à Saint Point, faire visite à Lamartine. Dans le courant de l’après-midi, comme la diligence contournait une colline, on aperçut tout à coup le château. Un vrai château de gentilhomme, cette fois, avec des tours, une tourelle, une chapelle, un parc, bien autre chose que le dortoir berrichon autour duquel la Piffoel (George Sand) galopait à cheval. M de Lamartine les accueillit sous son porche, ravi de la surprise et l’ on mit tout en branle pour accommoder ces illustres visiteurs pendant la nuit »
Les harmonies poétiques et religieuses
C’ est au château de St Point qu’ il faut parler de l’ influence de Lamartine sur Liszt.
En 1830 Les harmonies poétiques et religieuses de Lamartine, apogée du style lyrique eurent un impact considérable , sur la forme on dit que c’ est traditionnel mais sur le fond c est très novateur , la muse est redescendue du Parnasse, l’ homme parle de lui, de son âme, de ses souffrances , le lyrisme s’ est intériorisé. Lamartine a 40 ans et vient d’ entrer à l’ académie française;
1821 les Préludes Nouvelles méditations poétiques
1830 publication des Harmonies poétiques et religieuses Lamartine
1834 Liszt 1 ère œuvre intitulée Harmonies poétiques et religieuses
1837 1 ère visite de Liszt à Saint Point
1839 3eme lettre Lettres d’ un bachelier és musique sur Lamartine
1845 Liszt est de nouveau à Saint Point et à Monceau
1848 Liszt est à Woronince et termine les Harmonies
1852 Publication des harmonies de Liszt. Durée totale 1834 a 1852
1851 / 1854 Les préludes, poème symphonique de Liszt
Inspiré par Lamartine après son passage à Saint point, Liszt publie une première œuvre intitulée Harmonies poétiques et religieuses qu’il dédie à Lamartine. Liszt lui envoie pour avis. Voici la réponse de Lamartine dans sa lettre du 1 novembre 1835
« Mon cher et aimable Liszt, J'ai été bien touché de votre souvenir et des belles inspirations que vous avez bien voulu faire descendre du ciel sur les reliques déjà froides de mes propres inspirations. Vous êtes le prophète de la musique, vous rendez la vie à ce qui la perdait sans vous. Mais si je vous admire comme artiste de premier ordre c’est à -dire comme poète des sons, je vous admire au moins autant comme génie pensant, comme philosophe du futur, comme ayant l’intelligence et la volupté des choses de ce temps ci»
Liszt a voulu développer cette œuvre qui comportera dorénavant une dizaine de titres dont la composition s’étalera entre 1834 et 1852. Il les aura commencés sous la Comtesse Marie d’Agoult et les terminera avec la Princesse Carolyne à qui cette œuvre est dédiée. Quatre pièces sur les 10 sont inspirées des poèmes de Lamartine. La plus plus admirable et la plus célèbre est la troisième, Bénédiction de Dieu dans la solitude composée en 1845 qui est en fait la première pièce revisitée des Harmonies composée en 1830 et dédiée à Lamartine
Au début de cette œuvre, Liszt cite les vers de Lamartine
D’ où me vient , Ô mon Dieu! Cette paix qui m’inonde ?
D’ où me vient cette foi dont mon cœur surabonde? (…)
C’ est que j’ ai retrouvé dans mon vallon champêtre
Les soupirs de ma source et l’ombre de mon hêtre.
· Invocation
· Bénédiction de Dieu dans la solitude
· Pensées des morts (nouvelle version de la première œuvre des Harmonies de 1834)
· Hymne de l’enfant à son réveil
Ce séjour inspirera aussi Liszt écrivain, puisque quelques pages des lettres d’un bachelier és musique publiées juste après son séjour au Château de Saint point (Entre 1836 et 1842) seront consacrées à Lamartine que Liszt encense dans sa 4 -ème lettre à Ronchaud. Liszt a voulu défendre son ami Lamartine, méprisé par la critique pour une poésie jugée trop larmoyante et manquant d’originalité. Vous remarquerez à la lecture comme Liszt parle de lui-même en évoquant Lamartine
« Car le génie, d’ordinaire, ne s’élève point en paisible dominateur ; il se fraie un chemin qu’ à travers mille obstacles; il est longtemps méconnu, violemment attaqué et souvent nié par toute une moitié de son siècle » Laurence Le Diagon-Jacquin
Un peu plus loin, il défend Lamartine en disant que ce n’est pas lui qui manquait d’originalité mais ce sont tous ses imitateurs qui l’ont vulgarisé
"Plus tard, le peuple des imitateurs vulgarisa à tel point la rêverie en plein air et les vaporeuses amours, que Lamartine lui-même, venu 10 ans après, eût peine à se faire jour à travers les amants d’Elvire, la forêt des vieux chênes "
Enfin il rend hommage à l’homme politique et à son investissement dans la vie de la cité jugé incompatible pour beaucoup avec sa carrière de poète
"Saint point est une demeure charmante où Lamartine homme politique se voue avec activité à l’accomplissement des devoirs de la vie départementale…grand ébahissement pour le vulgaire, qui se figure les poètes et les artistes comme désertés en dehors de la réalité…". (Puis suit l’anaphore ? Répétition) Lamartine juré, Lamartine membre du conseil général, Lamartine député est pour beaucoup de gens une anomalie, un problème etc…
Au travers du portrait que Liszt fait de Lamartine où il fait honneur à l’homme politique et au poète en dénonçant l’injustice qui lui est faite d’être ainsi malmené critiqué, caricaturé en dilettante ne sachant choisir entre la poésie et la politique, il fait aussi le sien lui a qui on reprochait défendait d’être à la fois, virtuose et compositeur et penseur.
Dans le Cours familier de littérature bien plus tard, Lamartine évoque la visite de Franz Liszt en 1845 dans ce château de St Point :
« Ses notes se fixaient à l’état d’impressions dans nos âmes, quand l’artiste improvisait pendant des heures sur le piano du salon, aux clartés éteintes, et que les bouffées des haleines nocturnes des prés emportaient ces mélodies aériennes aux échos étonnés des bois et des eaux. Dans les cabanes émerveillées de la plus haute montagne, les jeunes garçons et les jeunes filles ouvraient les volets de leur chambre, se penchaient en dehors, oubliaient de dormir, et croyaient que toute la vallée s’était transformée en un orgue d’église où les anges jouaient un air de paradis pendant le sommeil des vivants. »
Liszt revient donner des concerts en Bourgogne. Il est en pleine période de Lisztomanias. Il est fêté, adulé partout en Europe. Il n’est plus avec Marie d’Agoult, est très fatigué de ses concerts et souhaite vivement trouver une épouse et se poser. Il aurait jeté son dévolu sur la nièce de Lamartine, Valentine de Cessiat et fait un voyage éclair à St Point le 20 juillet 1844. Ceci nous est rapporté par un ami de Marie d’Agoult, le fameux Ronchaud qui amoureux de cette dernière voulait attiser sa jalousie. Toujours est-il que Liszt aurait fait sa demande via Mme de Pierreclos, la belle-mère de Nina qui éconduit Liszt en accord avec Valentine de Cessiat, ne le trouvant pas assez sérieux -. Réputation oblige bien orchestrée dans tous les salons de l’époque par Marie d’Agoult. - Valentine épouse son oncle après la mort de Marie Anne son épouse, ayant obtenu une dispense spéciale du Pape Pie 9 selon Alan Walker.
Françoise Quédeville Marmey - Site liszt-franz.com
Sources Alan Walker, Laurence Le Diagon-Jacquin, Guy Pourtales
Saint Point, une demeure charmante
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