
Le billet de Marie

Marie HUTIN

Kiev 1847, Franz Liszt offrit un concert de bienfaisance auquel s'invita une généreuse donatrice inconnue jusqu'alors, Carolyne von Sayn-Wittgenstein. Dans les mois qui suivirent leur rencontre, allait s'ouvrir une nouvelle vie de création, intense et combative, dans la ville de Weimar, permettant à un être hors du commun d'accomplir une partie essentielle de son oeuvre, malgré l'existence de courants hostiles à sa « musique de l'avenir ».
Puisant aux sources littéraires aussi bien que dans son regard poétique sur les choses, Franz Liszt, dont Carolyne « devine le créateur dans le virtuose », va par sa générosité créatrice, être à l'origine de la renaissance musicale de l'Allemagne, n'hésitant pas à décerner généreusement son enseignement, à créer la Hochschule für Musik de Weimar, à franchir les frontières pour porter, non seulement sa musique mais aussi celle de ses pères et de ses contemporains. « L'Orphée de Weimar »(1), dont la personnalité suscite localement rien moins que l'amour ou la haine, par sa volonté artistique et ses convictions à la fois humanistes et novatrices, attire à lui curiosité et intérêt.
Weimar, petite cité de Thuringe, porte en elle un éminent héritage de penseurs, philosophes, théosophes, esthètes, peintres, poètes et musiciens : de Luther à Cranach et Bach, de Goethe et Schiller à Wagner et Nietzsche, de la volonté politique à l'action de grands mécènes comme Anna Amalia, des bibliothèques aux Archives Goethe et Schiller, du château de la Wartburg à l'Altenburg...
